"Lire, c’est oser perdre ses certitudes", Grégoire
Etudiant de la Grande école, Grégoire de Miguel se confie sur les trois semaines de cours sur l’écriture créative qu’il a suivi avec la romancière Alice Ferney, une expérience intense de développement personnel.
Pour Grégoire, la lecture joue à la fois le rôle d'exutoire, de respiration et de réflexion pour mieux comprendre la complexité humaine et s'ouvrir à de nouvelles idées. Etudiant HEC en double diplôme à l'ENS, la littérature n'est pas une discipline que Grégoire découvre, mais le séminaire sur l'écriture créative qu'il a suivie début janvier a pourtant eu l'effet d'un véritable déclic, pour peut-être un jour se lancer dans une création romanesque. Alors qu'il est en train de bâtir son projet professionnel, il considère que cet apprentissage de l’art d’écrire lui permettra fondamentalement de mieux structurer sa pensée pour convaincre ou développer de nouveaux projets. Des qualités essentielles pour tous les étudiants HEC et au-delà.

Grégoire de Miguel
Grégoire de MIGUEL est étudiant en master in management (M1) de la Grande école qui suit un diplôme avec l’ENS Paris-Saclay (en économie), et qui en parallèle est étudiant en deuxième année de master de littérature à La Sorbonne. Passionné d’économie et de littérature, il réfléchit a une carrière dans les finances publiques ou le conseil auprès de structures publiques.
Décrivez-nous votre rapport à la lecture, la littérature, le roman
La lecture est pour moi un exutoire, un cinéma à huis clos où le lecteur choisit les acteurs, les décors, la lumière et les angles, guidé par l’écrivain, architecte discret de ce film.
C’est un espace de respiration, de réflexion et de contemplation.
Lire, c’est oser perdre ses certitudes, embrasser des perspectives nouvelles, accueillir la complexité des êtres et des idées.
Je cherche dans les romans une écriture qui respire, un rythme qui se déploie comme une musique, une matière qui m’interroge sur la condition humaine et sur ce que signifient exister, aimer, souffrir ou rêver. Ainsi, lire n’est jamais passif : c’est un acte d’engagement, une quête d’altérité et d’absolu, un apprentissage continu du regard et de l’âme.
Est-ce le goût de la lecture, l’envie de passer à l’acte de l’écriture ou bien la curiosité qui vous a amené à choisir cette académie ?
Passionné de littérature, et lecteur avant tout, je souhaitais mieux comprendre comment les écrivains construisent ces créations qui me marquent tant. Quels sont les rouages et les techniques qui, au bout du compte, suscitent en moi des émotions aussi fortes que la colère, la tristesse ou la fascination ?
Choisir cette académie, c’était m’offrir la chance de percer ces mystères, d’entrer dans l’atelier de l’écriture pour comprendre les outils, les techniques et l’éthique qui transforment une idée en une création littéraire marquante.
C’était également une manière de prolonger mon rapport intime avec la littérature en m’initiant à l’autre face de la création : devenir moi-même artisan des mots.
Que retenez-vous de ces trois semaines de cours sur l’écriture ?
Alice Ferney a d’abord déconstruit mes préjugés sur les écrivains, que j’imaginais comme des mages noirs, pris dans une transe d’écriture. J’ai découvert que l’écriture est un art exigeant qui nécessite une rigoureuse initiation et une éthique de travail forte.
J’ai également appris que les bons écrivains sont avant tout des lecteurs acharnés et presque compulsifs. Pour traiter un sujet, il faut en épouser la substance, littéraire, mais aussi matérielle. Un écrivain qui écrit sur la guerre doit lire toute la littérature pertinente, mais aussi se documenter presque scientifiquement sur la période, les personnes et les modes de vie.
Le déclic a peut-être été cette prise de conscience que l’écriture est un artisanat autant qu’un art : elle requiert des outils bien aiguisés, un regard affûté et une énergie constante pour façonner une œuvre à la fois authentique et universelle.
Comment pensez-vous mettre en pratique cette expérience, ces enseignements ?
Mon rapport au livre, à la lecture et à l’étude des textes sera profondément modifié.
Cette académie m’a donné des repères pour ne plus être paralysé devant l’aveuglante page blanche. J’écrivais et lisais déjà avant, mais désormais, je compte allouer davantage de temps à l’écriture, car un roman ne s’écrit pas uniquement sous l’effet d’une inspiration fugace. Il faut l’apprivoiser jour après jour, lui consacrer un temps régulier, même lorsque l’envie ou l’idée se fait attendre. J’ai compris que pour donner vie à une œuvre, il faut de la discipline et de la patience.
Que diriez-vous à des étudiants HEC pour les convaincre de choisir cette académie ?
Choisir cette académie d’écriture, c’est s’immerger dans une expérience unique où les mots deviennent des outils de réflexion, d’expression et de création.
C’est une exploration de l’acte d’écrire, où l’on découvre que l’inspiration n’est pas un don mystique, mais l’aboutissement d’un travail d’exploration des idées et de dialogue avec soi-même. Chaque participant expérimente le pouvoir évocatoire des mots, les manipule pour donner corps à des pensées, des émotions ou des univers.
Cette académie ne développe pas seulement votre plume, elle enrichit vos compétences en structuration de la pensée, en enrichissement du vocabulaire et en créativité. À HEC, ces qualités sont essentielles, que ce soit pour convaincre, imaginer ou structurer des projets complexes.
Enfin, c’est une expérience de développement personnel qui vous invite à explorer des mondes nouveaux, à donner du relief à vos discours et à cultiver une rigueur créative.
Que vous inspire cette citation : “Not all readers are leaders, but all leaders are readers” ?
Truman souligne une double vérité : lire ne garantit pas de devenir un leader, mais tout leader éclairé doit être un lecteur.
La lecture devient alors un outil essentiel pour enrichir sa vision, puiser dans les expériences humaines et s’ouvrir à des idées nouvelles. C’est aussi un acte d’humilité, une reconnaissance que l’on peut toujours apprendre des autres.
Enfin, un leader lecteur transmet ce qu’il a appris. Il devient un passeur d’idées, un bâtisseur de ponts entre le passé, le présent et l’avenir.
Votre/vos romans préférés ?
- Crime et châtiment de Dostoïevski : Casuistique, torture intérieure, complexité du personnage.
- Voyage au bout de la nuit de Louis-Ferdinand Céline : Poésie de la noirceur, de la laideur. Traumatisme refoulé de la guerre. Une plongée dans les désillusions d’une âme en peine.
- Les Misérables de Victor Hugo : Honneur, probité, courage. S’embraser en embrassant son destin. Espérer que le pardonné pardonnera et que le sauvé sauvera.


