Pourquoi soutenir les femmes entrepreneures est plus important que jamais
En 2023, les startups fondées par des femmes ont reçu 2 % ou moins des financements en capital-risque en Europe et aux États-Unis. Ce chiffre de PitchBook peut être décourageant pour les femmes qui cherchent à créer des startups pour apporter des solutions. "Être une femme entrepreneure dans la FemTech est difficile en raison du manque de financement. Nous voyons de plus en plus d'entreprises de la FemTech fermer. Il y a eu des réussites bien sûr, mais ces fermetures vous incitent à vous poser des questions", souligne Capucine Cogne (Royaume-Uni), cofondatrice de la startup Understand Your Cycle, une plateforme qui enseigne tout ce qu'il faut savoir sur le cycle menstruel.
Lever des fonds n'est qu'un des nombreux défis auxquels les femmes fondatrices font face durant leur parcours entrepreneurial. Pour faciliter leur chemin et continuer à encourager l'entrepreneuriat et l'autonomisation des femmes, il est nécessaire de mettre en place des programmes de soutien. C'est là qu'intervient le programme WomenEntrepreneurs4Good (WE4G). Chaque année, ce programme d'accélération, lancé par le Women's Forum for the Economy & Society en partenariat avec l'Institut d'Entrepreneuriat & Innovation d'HEC Paris, Bank of America Business et Bredin Prat, offre un soutien complet aux femmes entrepreneures dans la transition écologique. Startup sprint, coaching business, visibilité, accès à des ressources, un réseau puissant d'entrepreneurs et d'investisseurs, opportunités de réseautage… L'objectif est d'aider ces femmes à structurer leur projet et à maîtriser leur pitch pour obtenir le financement qu'elles méritent.

Plus le challenge est grand, plus le soutien est significatif.
La promotion 2024 de WE4G a rassemblé plus de 100 femmes entrepreneures venues de 45 pays, chacune proposant des solutions uniques pour relever des défis environnementaux et sociaux. Selon Inge Kerkloh-Devif, Directrice Exécutive de l'Institut Innovation & Entrepreneuriat de HEC Paris, "soutenir les femmes entrepreneures est essentiel pour stimuler une croissance économique inclusive, promouvoir l'équité sociale et diversifier l'innovation."
Parmi les 10 lauréates du programme WE4G, les projets couvraient divers domaines : santé des femmes, alimentation saine, renforcer les opportunités des femmes dans les disciplines STIM (science, technologie, ingénierie et mathématiques), mais aussi l'économie circulaire dans les industries du vin, de la mode et de l'énergie.
La diversité des profils et des solutions caractérise chaque cohorte WE4G, mais un dénominateur commun persiste : leurs défis. "Malgré nos cultures très différentes, il était fascinant de constater que nous faisions face à des défis similaires. Avoir des perspectives complémentaires et un point de vue véritablement international a été incroyablement enrichissant", se souvient Justine Pelisson, fondatrice de WIP (Women in Progress), une plateforme dédiée à l'autonomisation des femmes ingénieures.
Les croyances limitantes
La limitation de soi est un défi fréquent. "La légitimité est le plus grand obstacle pour moi", confie Justine Pélisson. "En tant que jeune entrepreneure solo, il m'est souvent difficile de défendre mon projet, car je m'impose des barrières personnelles en remettant en question ma légitimité à le mener à bien."
Ces croyances limitantes trouvent un écho chez Célia Roussin (France), fondatrice de Pépite Raisin, qui cherche à améliorer la performance environnementale de l'industrie viticole grâce à la circularité du raisin. Célia reconnaît les limitations auto-imposées auxquelles font face de nombreux entrepreneurs, mais elle choisit de canaliser son énergie vers la joie plutôt que vers le stress et la peur. "Je m'engage dans un dialogue constant avec moi-même pour déterminer ce qui me semble juste et comment tirer de la joie de mes activités", explique-t-elle. Son conseil est d'éviter de se laisser piéger par le récit de la peur qui conduit à la frustration, et de faire de l'entrepreneuriat une véritable source de joie.

Être pris au sérieux : tant sur le plan personnel que sur la question abordée.
Aborder des sujets liés aux femmes représente des défis supplémentaires pour les femmes fondatrices. Elsie Amoako, fondatrice de Mino Care - un centre de soins périnataux virtuels au Canada - observe : "Convaincre les autres de prendre la santé des femmes au sérieux peut être difficile, mais je crois que le monde évolue. En me plaçant stratégiquement dans des environnements de soutien et en établissant les bonnes connexions, je vise à créer plus d'opportunités et à rester positive."
Capucine Cogne, fondatrice d’Understand Your Cycle, partage son expérience concernant le traitement de sujets tabous dans le domaine de la santé des femmes :
"Avant de discuter de l'aspect commercial, je dois prouver que le sujet mérite de l'attention, ce qui demande énormément de temps et d'énergie."

De même, Justine Pélisson remarque que "les sujets d'inclusion et de diversité, notamment concernant les femmes dans l'ingénierie, sont souvent perçus comme des 'agréments' plutôt que des 'nécessités', ce qui complique la communication sur l'urgence d'agir et de recruter." Cependant, les mentalités évoluent progressivement.
Accéder à l'information pour structurer un projet
Pour de nombreux entrepreneurs, la passion et la vision sont les moteurs de leurs projets. Toutefois, l'accès aux informations essentielles peut grandement varier selon l'origine et le pays de résidence. Ruti Ejangue (Cameroun), fondatrice de Yummy Greens, un service de livraison de nourriture saine en Afrique de l'Ouest et centrale, a autofinancé son entreprise pendant longtemps. "Quand j'ai lancé mon entreprise, je manquais de connaissances sur les plans d'affaires et les projections financières," se souvient-elle. "J'ai été ravie de rejoindre un incubateur à Boston, puis WE4G, où le mentorat et les conseils m'ont aidée à apprendre à gérer et commercialiser efficacement mon entreprise."
Constituer une bonne équipe
Comme pour toute startup, l'équipe est souvent le facteur clé de succès ou d'échec du projet. Pour Paula Menéndez Pausa (France), fondatrice d'Oly - une plateforme SaaS B2B dédiée à la mode circulaire - trouver des ingénieurs talentueux engagés dans l'économie circulaire a été le plus grand défi. "Je suis confiante avec l'équipe que nous avons maintenant," souligne-t-elle.

Mathilde Janicot, cofondatrice de Revolty, qui démocratise le stockage résidentiel grâce à des batteries durables et rentables, admet que "travailler sur un projet industriel avec deux autres étudiants dans un milieu plutôt masculin peut être un défi." C'est pourquoi, avec son équipe, elle continue de développer ses compétences et de perfectionner la proposition de valeur de Revolty pour en faire un succès.
WE4G s'attache à supprimer ou au moins réduire ces obstacles. Comment ? En aidant ces femmes à structurer leur projet, en les guidant grâce au mentorat, et en les préparant à lever des fonds lors du concours de pitch final au Women's Forum Global Meeting.
De l'impact local à la visibilité internationale
Le Women's Forum Global Meeting, récemment organisé à la Maison de la Chimie à Paris, a marqué la cloture du programme WomenEntrepreneurs4Good. Sur les 10 lauréates du programme, huit ont présenté leurs solutions devant un grand jury et un public composé de leaders, d'entrepreneurs et d'investisseurs. Nous avons assisté avec admiration à leurs présentations passionnées, avec la curiosité de découvrir le plus grand défi qu'elles ont rencontré en tant que femmes entrepreneures.
Chacune a pris le temps de réfléchir, non pas parce qu'elles peinaient à identifier un défi, mais parce qu'elles ont dit : "Il y en a tellement, je dois choisir le plus grand." Cependant, en surmontant ces obstacles, elles préparent le terrain vers leur réussite, et prouvent que les femmes ont le pouvoir de transformer chaque peur et chaque défi en une force qui alimente leur croissance et leur résilience.
WomenEntrepreneurs4Good : Pour chaque défi une solution
Le programme WE4G est conçu pour relever les principaux obstacles rencontrés lors de la phase d'accélération, afin de préparer les femmes à présenter efficacement leurs solutions et obtenir des financements.
Comprendre votre marché
Lors de la phase initiale du programme, plus de 100 femmes entrepreneures bénéficient d'un accompagnement en recherche de marché et clientèle ainsi qu'en modélisation d'entreprise, durant un Startup Sprint intensif de trois jours. Pour Georgina Yaa Kwartemaa Boamah (Ghana), fondatrice d'Akofresh, une entreprise de chaîne du froid écologique, cette étape a été cruciale car elle n'avait pas effectué d'évaluations précises des besoins des clients. "Nous avions seulement évalué le problème, donc il a fallu 'rembobiner' et interroger chaque client potentiel pour déterminer précisément ce qu'ils voulaient comme solution," souligne-t-elle.
Accéder à une variété d'experts
Après le Startup Sprint, 10 finalistes sont sélectionnées pour suivre le programme en ligne de l'Incubateur HEC Paris pendant quatre mois. L'incubateur offre du coaching en affaires, un soutien technique et des opportunités de réseautage professionnel. Les participantes ont accès à plus de 1 000 experts en affaires dans divers domaines, tels que le marketing, la finance, la stratégie, le développement commercial, l'informatique, les ressources humaines et le juridique. Ces ressources permettent aux femmes entrepreneures de consolider et d'accélérer leurs projets. Capucine Cogne témoigne : "Sans ma participation au programme, je n'aurais pas atteint la stabilité du modèle de Understand Your Cycle, ni pu tester différents modèles économiques comme je l'ai fait ces derniers mois."
Mentorat et coaching individuel
Grâce aux partenaires du programme, Bank of America Business et Bredin Prat, les 10 finalistes ont bénéficié de conseils personnalisés sur des questions juridiques et bien plus. Sur une période de quatre mois, elles ont participé à huit sessions de coaching individualisé avec un coach d'affaires. Ce mentorat personnalisé les a aidées à surmonter des obstacles importants. Elsie Amoako, fondatrice de Mino Care, admet que le programme l'a aidée à vaincre sa peur de faire croître l'entreprise et d'accepter des financements.
Le mentorat a renforcé ma confiance et recentré mon attention sur la valeur de mon travail.
Elle se souvient d'une citation marquante de son mentor : "Pense à tous ces 'idiots' qui prennent de l'argent pour des choses insignifiantes ; Toi, tu sauves des vies, alors si quelqu'un te fait un chèque, accepte-le !"
Ruti Ejangue souligne qu' "échanger avec des fondateurs et divers coachs de Bank of America qui ont aidé des gens à lever des fonds a été inestimable." Cette expérience lui a appris à comprendre le processus de levée de fonds, à négocier efficacement, à préparer le bon type de pitch deck, et à faire un pitch convaincant - des compétences qu'elle a mises en pratique à la fin du programme.

Perfectionner ses compétences de pitch
Pour offrir aux femmes une plus grande visibilité, les 10 finalistes (huit ont pu se rendre à Paris) ont eu l'opportunité de présenter leur projet devant un large public et un Grand Jury, comprenant :
- Leila Grison, Directrice du Women's Forum et Directrice DE&I chez Publicis France
- Adeline DeJaeghere, Directrice Générale chez Bank of America Merrill Lynch
- Clémence Fallet, Associée chez Bredin Prat
- Inge Kerkloh-Devif, Directrice Exécutive Senior de l'Institut Entrepreneuriat & Innovation d'HEC Paris
- Juliette Mauro, Présidente et Cofondatrice de FemTech School
- Alexia Reiss, Directrice Exécutive chez SISTA
Chaque année, Vanessa Holtz, directrice générale de Bank of America Securities Europe SA et responsable pays pour la France, assiste avec émerveillement aux pitchs de ces femmes : "Je suis toujours impressionnée par la créativité, la ténacité et l'énergie des femmes entrepreneures du programme WE4G qui s'efforcent de créer des solutions durables pour un avenir meilleur. Soutenir les femmes entrepreneures et leur permettre de concrétiser leurs projets est essentiel pour créer des perspectives diversifiées, développer de nouvelles idées, créer des emplois et promouvoir une croissance équitable. Chez Bank of America, nous sommes fiers de nous associer à HEC Paris pour proposer ce programme, afin d'aider davantage d'entrepreneurs à acquérir les compétences nécessaires pour développer leur entreprise."

Emma Cochrane, Directrice des Projets Stratégiques à l'Institut d'Entrepreneuriat et d'Innovation d'HEC Paris, explique pourquoi cette étape est cruciale dans leur parcours entrepreneurial. "La journée de pitch WE4G au Women's Forum représente un moment de fierté pour les femmes entrepreneures que nous avons soutenues au cours des six derniers mois, en mettant en valeur les incroyables progrès qu'elles ont réalisés. Dotées des outils pour lever des fonds et développer leurs entreprises, elles sont maintenant prêtes à créer un impact significatif dans leurs pays respectifs."
Pour cette édition 2024, trois prix ont été décernés :
- Prix du Jury : Mathilde Janicot avec Revolty
- Prix du Public : Justine Pélisson avec Women In Progress
- Women’s Health Special Prize: MinoCare

Félicitations aux lauréates de WE4G, véritables sources d'inspiration. Comme le souligne Inge Kerkloh-Devif :
"Cette initiative vise également à encourager les générations futures : les modèles et mentors jouent un rôle essentiel pour inspirer la prochaine génération d'entrepreneurs, particulièrement dans les secteurs traditionnellement dominés par les hommes."
En savoir plus sur le programme WE4G
À propos de l'Institut d'Entrepreneuriat et d'Innovation d'HEC Paris
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